Sébastien Lecornu nommé Premier ministre : l’allié indéfectible de Macron face au défi de Matignon

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu (Ludovic Marin - AFP)

Grand soutien d’Emmanuel Macron depuis ses débuts au gouvernement, Sébastien Lecornu franchit une nouvelle étape politique. Celui qui a occupé plusieurs portefeuilles depuis 2018, et qui s’était imposé comme ministre des Armées depuis 2022, devient le nouveau locataire de Matignon. Survivant à de nombreux remaniements, il est désormais chargé de sortir le pays du désordre démocratique consécutif à la dissolution ratée de l’Assemblée nationale en 2024.

Une nomination attendue

Son nom circulait depuis plusieurs mois comme possible chef du gouvernement. Cette fois, l’hypothèse est devenue réalité : nommé hier soir à 20 heures, Sébastien Lecornu succède à François Bayrou, renversé par un vote de défiance à l’Assemblée nationale. Celui-ci, ayant lui-même demandé un vote de confiance, n’avait obtenu que 194 voix favorables contre 364 défavorables.

Ancien ministre des Collectivités territoriales puis de la Cohésion des territoires, Lecornu s’est imposé comme l’un des piliers de la Macronie. À la tête du ministère des Armées depuis 2022, il a piloté des réformes sensibles dans un contexte international marqué par la guerre en Ukraine et les tensions stratégiques mondiales. Sa loyauté sans faille envers le président a fait de lui l’un des derniers remparts politiques du chef de l’État.

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Résultat du vote de confiance menant à la démission du gouvernement Bayrou (Assemblée nationale)

Quel bilan au ministère des Armées ?

Nommé en mai 2022 au ministère des Armées, Sébastien Lecornu a dû affronter un contexte international tendu. La guerre en Ukraine a bouleversé les priorités stratégiques et mis en lumière la nécessité de renforcer les capacités de défense françaises. Sous son impulsion, la Loi de programmation militaire 2024-2030 a été votée, avec un budget record de 413 milliards d’euros, marquant une hausse inédite des moyens alloués à l’armée depuis des décennies.

Il s’est également illustré par une communication régulière avec les alliés de l’OTAN, insistant sur le rôle de la France comme puissance d’équilibre. Sur le plan opérationnel, il a soutenu l’effort d’aide militaire à l’Ukraine tout en maintenant la présence française au Sahel, malgré les tensions croissantes avec plusieurs pays africains.

Ce bilan reste toutefois contrasté : si la hausse budgétaire a été saluée par les militaires, certains ont dénoncé un manque de clarté dans la stratégie de projection extérieure, notamment après le retrait du Mali. Mais globalement, Lecornu a laissé l’image d’un ministre efficace, pragmatique, proche des armées et apprécié des militaires, qualités qui ont sans doute pesé dans sa nomination à Matignon.

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Le ministre des Armées Lecornu devant le chef d’état-major des armées (Stéphane Pillaud - Le Dauphiné)

Une mission quasi impossible ?

La tâche qui l’attend est immense. Peut-il convaincre à la fois l’aile gauche du Parti socialiste et une partie de la droite républicaine, tout en maintenant uni le camp présidentiel ? Michel Barnier et François Bayrou ont échoué à ce difficile équilibre, payant au prix fort l’absence de majorité stable à l’Assemblée nationale. Le premier test pour Lecornu sera le vote du budget 2026. Un passage obligé, qui pourrait sceller son avenir politique. Il devra naviguer entre une gauche hostile, un RN en embuscade, et une LFI prête à dégainer la motion de censure à chaque instant.


Avant même ce premier défi, le nouveau Premier ministre doit composer son gouvernement. La question est désormais de savoir s’il ouvrira ses rangs à certaines figures de gauche, afin d’élargir sa base, ou s’il privilégiera une équipe resserrée autour des fidèles du président. Ce choix donnera le ton des prochains mois : soit un pari sur le compromis et l’ouverture, soit une stratégie de verrouillage et de discipline politique. Dans les deux cas, la moindre erreur pourrait coûter cher, tant l’Assemblée est fragmentée et prête à dégainer une nouvelle censure.

Lors de sa passation de pouvoir ce mardi avec François Bayrou, Sébastien Lecornu a donné un premier aperçu de sa méthode. « Il va falloir changer (…) dans la manière de travailler avec nos oppositions. Il va falloir aussi des ruptures », a-t-il déclaré, esquissant la promesse d’un style nouveau à Matignon. Reste à voir si les rendez vous avec les différents partis et les syndicats mèneront enfin à quelque chose ou s’ils ne resteront que lettre morte.

Commentaires

Ygg 👤 Utilisateur
12/10/2025 00:33

Surprenant !

Max La Menace 👤 Utilisateur
12/10/2025 00:34

QUOI ???!!!! :o