À 23 h 15, une seconde colonne rejoint la première pour prendre d’assaut les deux escaliers menant à l’étage. Le chef de la BRI a d’abord l’impression que les terroristes ont fui et que l’assaut arrive trop tard. Mais la colonne qui progresse à gauche se heurte à la porte du couloir et comprend que les assaillants s’y trouvent encore avec des otages. Sous la contrainte, l’un des otages crie : « Reculez ! On est vingt, on est pris en otage, ils ont des ceintures d’explosifs et des Kalachnikovs ! Si vous reculez pas, ils vont tout faire péter ! » Les ravisseurs récupèrent alors les téléphones, en conservent certains et contactent les policiers.
À l’extérieur, un poste de commandement s’organise au Baromètre, un bar situé à proximité, sous la supervision du préfet de police Michel Cadot. Les négociateurs comprennent rapidement que les discussions n’aboutiront pas : les deux terroristes ne formulent aucune revendication, ne demandent rien et semblent avoir accepté l’idée de mourir sur place. Quatre appels auront lieu en environ une heure, sans résultat.
Le ministre de l’Intérieur reçoit alors la demande de déclencher l’assaut. En concertation avec le président de la République et le Premier ministre, l’autorisation est donnée. Cette période d’attente permet aussi aux terroristes de se préparer à un affrontement final. À 23 h 53, François Hollande s’adresse à la nation, qualifie les attaques « d’horreur », appelle à ne pas céder à la peur et annonce la mise en place de l’état d’urgence ainsi que le rétablissement des contrôles aux frontières.
Il est 0 h 18 quand l'assaut est lancé. Les deux terroristes se sont positionnés au fond du couloir, face à la porte, prêt à ouvrir feu. Les unités d’intervention sont équipées du bouclier Ramsès, de fusils d’assaut, de gilets lourds et de casques blindés. Ils tentent d’enfoncer la porte qui leur résistait plus tôt mais derrière, les otages sont assis pour bloquer l'arrivée. Le premier coup de bouclier la fait plier ; au quatrième, elle cède. Les otages ont juste le temps de se décaler. L’un des terroristes ouvre immédiatement le feu avec sa Kalachnikov, l’autre doigt posé sur son détonateur.
Dans l’étroit couloir, un échange nourri s’engage. Le premier homme de la colonne perd un instant le contrôle du bouclier, qui bascule et tombe sur un otage. Les policiers lancent alors des grenades assourdissantes pour couvrir la progression et tenter d’extraire les otages. En quelques dizaines de secondes, la majorité d’entre eux est évacuée et mise en sécurité.
Trois otages restent toutefois coincés dans l’escalier avec l’un des terroristes tandis que l’autre, toujours face aux forces d’intervention. Quand Ismaël Omar Mostefaï se retrouve à court de munitions, il pose son arme pour activer son dispositif mais n’en a pas le temps : une balle de la BRI touche sa charge et provoque l’explosion. Le souffle part vers le haut, épargnant les policiers. Le premier terroriste du duo est donc tué 55 secondes après le début de l'assaut.
L'effet de souffle, part vers le haut du couloir et non vers les membres de la BRI, ne blessant personne. Le souffle de l’explosion projette le second terroriste dans l’escalier. Il chute et se retrouve étendu au pied d’une porte. Il tente de saisir son détonateur mais le dépiégeur, placé derrière le premier homme de la colonne, le voit et hurle l’ordre d’ouverture du feu. Deux balles sont tirées et le neutralisent définitivement. Le dernier assaillant du Bataclan est mort.
Le dernier otage, qui se trouvait à la merci des explosions, est d’abord pris pour mort par les membres de la BRI. Ce n’est qu’en le voyant se relever et sortir de la pièce qu’ils comprennent qu’il a survécu. En quittant le Bataclan, les derniers otages sont contraints de traverser la salle principale. Ils passent à proximité de la fosse, où les corps sont entassés les uns sur les autres. Cette vision d’horreur restera gravée en eux.
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